« Le voleur de baisers » ou l’ingénue et l’arrogant

Bonjour tout le monde ! Aujourd’hui, je reviens avec l’une de mes dernières lectures de l’année 2019 : Le voleur de baisers de L.J Shen. Je vous avoue que après Midnight Blue, j’étais curieuse de la redécouvrir dans un autre genre. Mille mercis à Flora et Jessica pour l’envoi.

C’est quoi le pitch Holly ?

Être la fille d’un parrain de la mafia italienne de Chicago fait de la toute jeune femme une personne à part. Francesca va vite le découvrir que son avenir qui semblait tout tracé va être bouleversé par un homme qu’elle ne connaissait même pas. Depuis son plus jeune âge, elle rêve d’épouser un homme qu’elle connaît depuis toujours : comme elle, il appartient à une famille criminelle ; ils s’aiment et ont la même vision de la vie. Mais le sénateur Wolfe Keaton a d’autres projets pour elle. Cet avocat a une revanche à prendre sur la famille de Francesca et il a bien l’intention de l’utiliser comme un pion dans la partie d’échec qui l’oppose au père de la jeune femme. Pour cela, il veut en faire son épouse. La voilà obligée d’oublier tous ses projets, celui qu’elle est sûre d’aimer, sa liberté. Wolfe estimait avoir pensé sa vengeance jusque dans les moindres détails. Mais il a sans doute sous-estimé Francesca et les sentiments qu’elle lui inspire.

On en pense quoi ?

J’ai eu un très joli coup de cœur pour Le voleur de baisers. Je pensais sincèrement me retrouver face à un cliché du genre mais ce n’est pas le cas.

Nous suivons donc Francesca Rossi. Cette jeune fille de dix-neuf ans revient à Chicago après avoir passé sa scolarité dans un pensionnat loin de tout. En effet, son père, Arthur, est le grand chef de l’Outfit, la mafia de la ville. Il y règne en roi depuis des années et donc Francesca a eu la chance de grandir dans un milieu aisé, même si l’argent n’est pas toujours « propre ».

Très couvée par sa famille, elle a reçu une bonne éducation digne de celle des princesses. Elle parle plusieurs langues et est très érudite. Cependant, sa famille ne souhaite qu’une chose : la marier. Elle a tout pour être l’épouse parfaite, on l’a élevée par cela. Francesca rêve justement de tout cela avec Angelo, son grand amour. Elle veut l’épouser, lui aussi. Parfait donc !

Seulement voilà, rien ne se passe comme prévu. Le sénateur de Chicago, Wolfe Keaton a une dent contre le père Rossi. Il souhaite se venger et il tient enfin le moyen de pression idéal : Francesca. Par un joli coup du sort, il obtient la main de la jeune fille. Sa perfection lui permettra de tout écraser sur son passage et d’obtenir justice. Il avait tout prévu Wolfe même si sa fiancée le déteste. Et si, l’amour venait se mêler de tout cela ?

J’ai vraiment adoré cette histoire. J’ai eu l’impression de me retrouver devant une réécriture du conte de La Belle et la Bête. Attention ! Pas le Disney (même si c’est mon préféré) mais le conte originel. La Bête est un prince arrogant et froid qui subit le courroux d’une enchanteresse qui le change en monstre. Seul l’amour peut le libérer. La Belle devient sa captive car son père a commis une faute : voler une rose. La suite vous la connaissez.

Wolfe Keaton ressemble exactement à ce prince. Froid, calculateur et arrogant. Une haine sourde et violente vit en lui. Il trouve la femme qui le délivrera de tout en piégeant le père. La Belle devient sa captive pour l’éternité jusqu’à ce qu’elle soit libérée. Le voleur de baisers reprend exactement les mêmes codes que l’histoire de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve en la transposant à notre époque.

La petite différence est que Wolfe a ici besoin de la Belle non pas pour lever la malédiction mais pour accomplir une vengeance. Francesca est belle (on nous le répète souvent dans le roman) et elle est prisonnière, fiancée de force à un homme qu’elle n’aime absolument pas. Pourquoi ? Parce que Wolfe tient Arthur et que ce dernier ne peut rien faire. Comme dans le conte.

Le prince ne sauve pas la princesse. Il la torture. Et la belle ne dort pas. Elle est prisonnière. D’un cauchemar.

L.J Shen réalise un tour de force. Sans le vouloir (je pense pas qu’elle se soit inspirée du conte), elle a réécrit un conte de fées à sa manière car oui, au fil des pages, Francesca et Wolfe vont apprendre à se connaître, à se découvrir et à s’aimer. C’est le but de la New Romance. Cependant, avec tout ce strass, ces paillettes et l’argent qui coule à flot, j’ai vraiment trouvé que j’avais affaire à des princes et des princesses modernes.

J’ai adoré le personnage de Wolfe. Certes, on est pas souvent dans sa tête mais je trouve qu’il dégage quelque chose. Il me fait penser à Heathcliff (ndlr : héros du roman Les Hauts de Hurlevent). Etre torturé, avide de vengeance, prêt à tout pour la réaliser quitte à tout détruire sur son passage. Ce qui le rend attachant c’est que contrairement à Heathcliff, il apprend à être quelqu’un de plus sympathique aux côtés de Francesca.

Cette dernière, c’est vraiment le cliché de la fille à papa, une ingénue. Il n’y a aucun doute là-dessus. Cependant, je l’ai vraiment trouvée touchante car c’est une jeune fille très lucide. Elle a parfaitement conscience du milieu dans lequel elle est née et ce qu’on attend d’elle. Cependant, elle sait que sa vie sera une prison dorée pour toujours. La seule chance pour elle d’être heureuse et de vivre sa propre vie est d’épouser son Angelo. Pourtant, si Wolfe est sa nouvelle prison dorée, elle prend petit à petit conscience que cet homme peut lui offrir une autre alternative et lui permettre d’être la femme indépendante qu’elle a toujours voulu être. Vivre son conte de fées.

C’est donc pour moi une très belle histoire d’amour. Un peu déroutante au début mais vraiment très belle. La plume de L.J Shen est prenante et addictive. J’ai eu beaucoup de mal à lâcher l’histoire. J’étais captivée. Et puis, ce que j’aime chez elle, ce sont ses personnages masculins. Comme Alex Winslow dans Midnight Blue, Wolfe Keaton est un homme qu’on déteste. En plus, on ne connaît pas grand chose de lui. Pourtant, derrière cette façade, on comprend très vite qu’il a des fêlures qui le rend attachant. Comme Heathcliff donc (ndlr : lisez ma chronique de Les Hauts de Hurlevent pour comprendre cette phrase.).

Les personnages secondaires sont tout aussi intéressants que Francesca et Wolfe. Déjà ils nous permettent de souffler un peu car c’est presque un huis-clos dans chaque passage mettant en scène les deux héros mais ils apportent une autre dimension à l’histoire et proposent des thèmes, des morales qui rendent Le voleur de baisers unique. Ajoutez une ambiance parfois sombre et des révélations qui tombent de manière  à créer un suspense et un rythme de fou et le tour est joué. Franchement, c’est véritablement un coup de cœur.

Conclusion

Le voleur de baisers est une romance déroutante, addictive et prenante. On a l’impression de vivre un conte de fées moderne mêlé à une réécriture d’un classique du genre. On s’attache aux personnages principaux, à l’homme froid et arrogant qui cachent des fêlures et une ingénue qui est bien plus intelligente et lucide qu’elle ne paraît. L.J Shen reste fidèle à ses héros masculins qu’on apprend à aimer au fil des pages tout en ajoutant la bonne dose de suspense et d’amour pour nous faire fondre. J’en redemande ! Foncez découvrir cette pépite si ce n’est pas déjà fait.

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