« Northanger Abbey » : quand gothique rime avec parodie et apprentissage

Nouvelle chronique et pas des moindres puisqu’il s’agit d’un grand classique : Northanger Abbey de Jane Austen. Mon amour pour cette auteure du XIXème siècle n’est plus un secret. J’avais plus que hâte de redécouvrir ce roman (surtout que je travaille le gothique avec mes élèves de troisième) alors mille mercis Jessica pour l’envoi !

C’est quoi le pitch Holly ?

En villégiature à Bath, chez des amis de la famille, Catherine Morland, jeune provinciale de 17 ans, aussi jolie que naïve, ne rêve que de sombres aventures dans de vieux châteaux ou des abbayes gothiques. Lorsqu’elle est invitée à séjourner à l’abbaye de Northanger; une idylle se développe entre elle et Henry Tilney, le fi ls cadet du propriétaire des lieux.

Roman d’apprentissage, rédigé dès 1798-1799, l’un des trois romans majeurs que Jane Austen écrivit avant sa vingt-cinquième année, est e plus moderne de ses romans . L’oeuvre raille la vie mondaine de Bath, que Jane Austen avait connue lors d’un séjour en 1797, et parodie les romans gothiques fort appréciés à l’époque.

On en pense quoi ?

Northanger Abbey est, selon moi, un roman à part parmi les œuvres de Jane Austen. Certes, c’est un roman d’apprentissage au même titre que Mansfield Park mais il s’ajoute à ce roman un petit côté parodique qui fait la différence.

On suit donc Catherine Morland. Aînée d’une grande fratrie, elle a toujours eu le nez dans les romans (un peu comme Belle dans La Belle et la Bête). Son genre préféré est le roman gothique. Elle aime l’ambiance un peu angoissante, sombre et lugubre avec des personnages évoluant dans des intrigues faites de mensonges, de fantômes ou encore de passages secrets. Bref … Catherine a une imagination débordante et rêve de vivre une histoire digne de ses romans de prédilection.

Un beau jour, avec des amis de la famille, elle va passer quelques semaines à Bath et y faire tout un tas de rencontres. Catherine va particulièrement passer du temps avec la famille Thrope, notamment Isabella. Avec James, son frère, elle va former un groupe qui va prendre goût aux bals et au luxe. Mais petit à petit, Catherine va comprendre que la vraie vie n’est pas toujours celle que l’on peut lire dans les romans …

On s’attache vraiment à Catherine et à Northanger Abbey dans son ensemble. Comme elle le fait si habilement dans ses romans précédents, Jane Austen se sert de Catherine et d’Isabella pour critiquer la société très futile qui ne pense qu’à l’argent et aux apparences. On retrouve bien sûr ces gens qui veulent faire un beau mariage, la course au meilleur titre de noblesse et les dots qui priment sur la personnalité de celui que l’on convoite.

Ce qui rend Northanger Abbey unique, c’est aussi son héroïne. Catherine semble parfois immature et trop plongée dans ses romans mais pourtant, elle est capable de lucidité, en atteste son attachement pour la famille Tilney, Henry et sa sœur Eleanor. Elle va d’ailleurs passer quelques temps à Northanger Abbey, ce lieu qui donne son nom au roman. C’est très drôle – au point que l’on comprend l’aspect parodie de Jane Austen – car Catherine se monte la tête toute seule et s’imaginer des histoires dignes de ses romans gothiques adorés. Faut dire que la demeure et son histoire aident à créer tout cela dans son esprit.

De nombreuses scènes, en particulier la nuit d’orage à Northanger Abbey, rappellent les codes des romans gothiques. On revoit donc des scènes similaires à Jane Eyre ou Les Hauts de Hurlevent mais comme Catherine imagine beaucoup de choses, ces passages tournent vraiment les codes gothiques à la dérision et c’est pourquoi on se retrouve face à une parodie des romans gothiques.

J’aime toujours autant la plume de Jane Austen. Sa manière de raconter des histoires, de peindre la société avec un œil incisif et parfois un peu moqueur, proche de l’acide. Encore une fois, elle démontre les défauts de la société à travers des personnages auxquels ont s’attache. Il suffit de voir Catherine et ce qu’elle imagine dès qu’elle voit Northanger Abbey.

Pourtant, à travers cette histoire, on voit Catherine évoluer. On la voit gagner en maturité au fil des pages et le contexte est frappant avec Isabella Thrope. Et comme son imagination finit par lui jouer des tours, on la voit prendre conscience de ses défauts et donc voir le roman devenir un roman d’apprentissage pour Catherine.

Conclusion

J’aime vraiment beaucoup ce roman de Jane Austen. Northanger Abbey est un roman à la fois drôle et mature avec son héroïne mais qui plonge le lecteur dans un décor incitant aux rêveries et à la romance. Les personnages sont attachants chacun à leur manière et on adore les suivre dans leurs aventures, parfois drôles et parfois touchantes. On retrouve tous les ingrédients qui font de Jane Austen une auteure à lire absolument tout en ayant le plaisir de se retrouver face à un univers différent à chaque histoire.

2 thoughts on “« Northanger Abbey » : quand gothique rime avec parodie et apprentissage

  1. Je me rends compte que je ne connais pas beaucoup Jane Austen. Tu me donne envie de découvrir, je l’ai réservé à ma bibliothèque.
    Passe une belle semaine, bisettes

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