« La langue oubliée de Dieu », j’ai été transportée !

Bonsoir tout le monde ! J’arrive très tard avec cette chronique. Non pas parce que je n’ai pas eu le temps ou que j’ai établi un ordre de publication avec les autres romans non ! Bien au contraire ! C’est juste que ce roman m’a tellement transportée que je voulais la chronique parfaite pour vous en parler (mon côté perfectionniste revient au galop). Aujourd’hui, La langue oubliée de Dieu de Saïd Ghazal est au même niveau que Les Chemins de Garwolin d’Evelyne Dress. Mille mercis à Eric Poupet pour l’envoi de ce roman !

C’est quoi le pitch Holly ?

Hanté par une histoire accablante que lui ont transmise ses grands-parents, rescapés du pogrom des chrétiens en Turquie au début du XXème siècle, Aram s’efforce de traduire le cahier rédigé par Sowo, le grand-père, en araméen, la langue des Syriaques d’Orient… Progressivement, il devient le dépositaire d’une mémoire familiale jouée par ce grand-père exigeant et facétieux et par une grand-mère résignée, tandis qu’une prostituée pour qui il n’a que du mépris en fait son tortionnaire.
Deux univers parallèles se télescopent, l’un au présent et l’autre au passé. C’est ce passé pesant dans lequel Aram est plongé à son corps défendant qui rendra son présent écrasant.
L’histoire se dévoile à travers une lente évolution de sentiments dualistes comme un clair-obscur.
Dans cette œuvre exutoire, à mi-chemin entre les mémoires et l’autofiction, l’auteur règle ses comptes avec ses origines, son passé, son éducation et son exil forcé.

On en pense quoi ?

C’est le deuxième roman de cette maison d’édition, après Le temps d’une saison, que je lis et j’enchaîne avec un nouveau coup de cœur. Il n’y a que des petites pépites, des petits trésors de littérature et de culture. J’aimerais beaucoup voir cette maison mise en avant plus souvent. Vous ne savez pas ce que vous ratez en ne lisant pas ses parutions (ndlr : je n’ai pas été payée pour écrire cette chronique. Je ne fais pas non plus de la publicité. C’est mon propre choix.).

Quand j’entends le mot araméen, je pense à Charles Aznavour. Allez savoir pourquoi … Bref … C’est une langue que je ne connais pas du tout et pourtant, elle a des liens étroits avec la religion. Certes, j’ai reçu une éducation catholique, je ne pratique pas mais j’ai énormément de respect pour elle et pour toutes les religions. A vrai dire, toutes les religions me fascinent et j’éprouve très souvent le besoin de la découvrir. Les romans sont souvent ceux qui me plaisent le plus. La langue oubliée de Dieu en fait partie.

À la mort de son grand-père, Aram, le héros, a tenu une promesse à Sowo, ce dernier : traduire son carnet écrit en araméen. Mais au fur et à mesure qu’il avance dans sa traduction, il se retrouve à affronter les souvenirs de son ancêtre et les siens finissent aussi par se superposer, mélangeant passé et présent. Les flashbacks se retrouvent imbriqués parmi les instants présents et si petit à petit, on a l’impression de perdre le fil, c’est pour mieux ressentir des sentiments.

Dès le début, j’ai senti que ce livre allait être aussi émouvant et touchant que celui d’Evelyne Dress l’an dernier. Les souvenirs concernant Sowo sont ceux qui m’ont le plus marquée. Et puis avec Didon, la prostituée, qui est le lien entre le passé et le présent, elle la femme qui a aimé Sowo et Aram, chacun à leur manière, cela rend l’histoire encore plus réelle. Enfin, à mes yeux. Aram est bouleversé par cette traduction et ce malgré le soutien de Didon. Ça le tourmente à vrai dire et je n’ai eu qu’une envie : tenter de le consoler et de comprendre son cheminement et le pourquoi de cette promesse qui visiblement lui fait plus de mal que de bien.

On sent aussi que Aram était très proche de son grand-père et que sa disparition le touche bien plus qu’il ne le pensait. De plus, en traduisant les notes, il découvre des éléments sur lui. Certains sont beaux et d’autres durs, affreux et rendent même Sowo humain. Ce n’est pas juste un roman, c’est plus que ça. C’est un cours d’histoire, pas comme dans les manuels scolaires mais presque. C’est aussi une histoire de vie, de génération et une façon de la perdurer dans le temps. Bref … j’ai été totalement chamboulée par ce roman que vous en parler est encore difficile.

Passons à la plume de Saïd Ghazal. Elle est unique. Tantôt incisive (dure dans certains passages du passé par exemple), tantôt littéraire (certains termes m’ont surprise) mais cela permet de dévorer le roman, de ne pas voir les pages défiler et de découvrir encore et encore. Un des meilleurs romans que j’ai lu depuis que 2017 a pointé le bout de son nez. L’émotion est là du début à la fin. Même si certains passages sont parfois violents et donc son écriture qui a plusieurs cordes à son arc arrivent à adoucir justement ces passages difficiles. Et puis c’est un roman qui parle d’amour filial, de génération et de transmission d’héritage. Tout ce que j’aime ! Et puis on sent bien que cette langue qu’est l’araméen est mise en avant même si on ne lit que de la traduction (j’ai pas souvenir de l’avoir vu écrite).

Comme pour Evelyne Dress, on ressent aussi le fait que l’auteur Saïd Ghazal parle aussi de son vécu, de son histoire et que ce n’est pas juste une histoire fictive mais une façon aussi de parler de ces ancêtres à travers cette histoire. A moins que je ne me sois trompée pour le coup… En tout cas, je ressens un mélange de passé, de réalité et de fiction.

Conclusion

Mon plus gros coup de cœur depuis le début de cette année. Un roman magnifique mêlant passé et présent, histoire et religion, fiction et réalité. Un roman bouleversant de part la plume de l’auteur qui accentue les moments doux et adoucit les moments durs. Un bel hommage à cette langue qu’est l’araméen. La langue oubliée de Dieu est sans conteste UN roman à lire et il mérite une place dans la bibliothèque. C’est réussi, c’est un roman indispensable et il ne faut pas passer à côté. Un roman qui fait écho au devoir de mémoire aussi : un hymne à la famille et aux origines à lire absolument !

11 thoughts on “« La langue oubliée de Dieu », j’ai été transportée !

    1. Je t’avais bien dit que tu aimerais ma prochaine chronique. J’étais sûre que cela te plairait. La couverture est vraiment magnifique ! C’est Mémé qui m’a conseillée de le lire juste pour elle (elle était à mes côtés quand j’ai reçu le programme de parution). 🙂

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