« Réparer les vivants » de Maylis de Kerangal, conséquences d’un don

Bonsoir tout le monde ! C’est avec du retard que je poste ma chronique de ma lecture commune avec Onee. Elle m’a gentiment offert son exemplaire en double et m’a enfin permis de découvrir ce roman qui me fait de l’œil depuis longtemps (Mémé m’a d’ailleurs demandé de le lui passer).

C’est quoi le pitch Holly ?

81nJYEuCQOL« Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d’autres provinces, ils filaient vers d’autres corps ».

Réparer les vivants est le roman d’une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d’accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l’amour.

On en pense quoi ?

Ce roman est une petite pépite sans tomber dans le mélodrame ou le trop. Il démarre avec un jeune homme de vingt ans, Simon Limbres, fraîchement amoureux et dont le surf est une véritable passion. Alors qu’il revient d’une séance magistrale de ce sport, un accident survient et il sombre dans un état de mort cérébrale.

Et c’est le début de destins qui s’entremêlent : Marianne la mère apprend la nouvelle, le Dr Révol est chargé du cas Simon ou encore Thomas chargé de demander si Simon est donneur ou pas. Et c’est le début des décisions. Simon ne reviendra jamais alors pourquoi ne pas, grâce à lui, permettre à d’autres de vivre ?

Parce que finalement, le don d’organe est une chose qui ne se prend pas à la légère car comme le dit si bien Sean le père de Simon, on ne brade pas un corps encore chaud pour d’autres vies. En plus, dans le cas de Simon, on ignore s’il était donneur ou pas et donc on se retrouve à demander aux parents leur accord (ndlr : j’ai eu un jour cette discussion avec mes parents et eux, savent ma décision). C’est vraiment une chose difficile car on le fait alors que son enfant est encore là sous respirateur et surtout, il y a leur deuil qui commence. Il faut donc les ménager, ce que Thomas fait très bien dans le roman.

Je comprends tout à fait la réaction de Marianne et Sean vis à vis de Simon. C’est dur de se dire que l’on a perdu son enfant alors qu’il respire, avec une machine, encore. Tout est une question de temps. Personnellement, quand j’ai commencé à parler du don d’organe avec mes parents, j’avais tout juste 18 ans. J’ai exprimé ce besoin car je venais de choisir de donner mon sang (même si j’ai la phobie des aiguilles, je prends sur moi car dans ma famille, ma mère a perdu deux cousines de la mucoviscidose et au collège (et lycée puisqu’on s’est suivie), j’ai eu une camarade atteinte de leucémie (oui Loarwenn, tu vois ce que je veux dire)) et le don d’organe s’est imposé à moi en même temps. Mes parents m’ont même dit que lorsque nous étions mineurs, ils (ma sœur et mon frère) auraient donné nos organes. Quelque part, s’il m’arrive un jour quelque chose, mes parents sont prévenus (au pire, il y a la carte de donneur d’organe dans mon portefeuille). Cela pourra sauver des vies. S’il y a bien une chose en laquelle je crois, c’est ça.

Enterrer les morts et réparer les vivants.

L’écriture de Maylis de Kérangal est vraiment belle. On ne pleure pas sur le sort de Simon, des ses parents ou bien encore de Claire qui attend une greffe. Ce roman sensibilise ce sujet mais nous offre aussi les conséquences d’un don d’organe.

Je n’ai pas vu passer ces quelques 300 pages. J’ai aimé cette écriture mais j’ai aimé ces destins qui s’entremêlent, qui nous offre quelques passages de leur vie et de leurs actions. Claire fait partie de ces personnages qui m’ont touchée. Elle doit être transplantée d’un nouveau cœur, celui de Simon, sans savoir d’où il provient.

Elle ne saura jamais rien à part qu’il est mort pour qu’elle vive, et qu’elle ne pourra jamais remercier. (Onee)

Il est vrai que certaines phrases m’ont semblé longues mais elles représentent les différents souffles de vie des différents personnages. Le nôtre aussi car on finit par devenir un personnage du roman et à attendre que cela se passe bien ou non.

Il y a énormément d’empathie dans ce roman et c’est très important avec un tel sujet. Le mélo, le patho et le larmoyant … très peu pour moi. Vraiment, je ressors enchantée de ma lecture et quelque part, elle conforte mon choix d’être donneur d’organe.

Conclusion

Un très bon roman, bien écrit, qui parle d’un sujet encore difficile à évoquer. L’écriture pleine d’empathie et aux phrases longues devient le prolongement de la respiration du lecteur et les personnages sont attachants chacun à leur manière. Il fait vraiment réfléchir à sa façon. Un petit coup de cœur pour cette pépite.

8 thoughts on “« Réparer les vivants » de Maylis de Kerangal, conséquences d’un don

  1. Vu le sujet, je n’aurai pas été tentée, non que je ne sois pas pour le don d’organe mais j’aurai eu peur que ce soit un peu technique et que ça me fasse tourner de l’oeil.
    Mais après avoir lu ton article, je me lancerais bien Holly!
    Mille merci.

  2. J’ai beaucoup aimé ce livre aussi, j’ai été totalement transportée par l’écriture. J’ai d’ailleurs l’intention de publier une chronique sur le blog dans quelques jour sûrement. Une très belle découverte ! 🙂

    1. J’irai donc te lire. C’était mon premier roman de cet auteur. Je pense en tester d’autres. Merci d’être passée et à très vite ! 😉

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