« Des bleus au cœur » de Louisa Reid, roman contre la violence et l’ignorance

Bonjour tout le monde ! En cet fin de dimanche pluvieux, je vais vous parler de mon nouveau coup de cœur littéraire : Des bleus au cœur de Louisa Reid.

En mars dernier, ma copinaute littéraire Onee a publié une chronique sur ce fameux roman et j’ai eu envie à mon tour de le découvrir. Merci les offres reconditionnées d’Amazon qui proposent des romans en très bon état à des petits prix. J’ai pu donc me procurer ce livre sorti en 2012.

C’est quoi le pitch Holly ?

Rebecca et Hephzibah ont soeurs jumelles.

Elles viennent d’entrer au lycée, c’est la première fois qu’elles ont le droit de sortir.

Ce qu’elles partagent : un secret terrible, des parents violents et l’envie de s’enfuir.

Une seule d’elles réussira, mais jusqu’au bout elles resteront unies : le reflet l’une de l’autre dans le miroir, l’une dans la lumière, l’autre dans l’ombre.

On en pense quoi ?

Fin mars, je vous parlait du roman d’Angélique Barbérat qui m’avait retournée et pris au cœur. Des bleus au cœur … c’est encore bien plus fort.

Comme dans L’instant précis où les destins s’entremêlent, la violence est le thème principal du roman. Seulement, ce n’est pas de la violence conjugale, c’est la violence d’un père envers ses filles.

Un jour je finirais bien par être trop vieille, soit trop courageuse pour rester un objet de tyrannie. J’avais presque dix-sept ans.

Et quelles filles ! C’est un peu La Belle et la Bête. La Belle, c’est Hephzibah (drôle de prénom pour moi). Elle est lumineuse, belle et cherche à tout prix à vivre une existence normale en dehors de La Maison (majuscule à chaque fois que les sœurs parlent de leur famille). La Bête, c’est Rebecca, née avec une malformation du visage. Elle n’est qu’une ombre dans les couloirs du lycée, n’aime pas le lycée et se réfugie dès qu’elle le peut à la bibliothèque. Parce qu’elle a cette déformation du visage, son père lui fait subir les pires sévices de la violence qu’il exerce sur ses filles. Malgré tout, Rebecca a un amour inconditionnel pour sa sœur, quitte à prendre les coups à sa place, des coups que Le Père donne à ses endroits où cela ne se voit pas. Hephzibah aime aussi sa sœur mais son rêve d’indépendance est telle que parfois, elle laisse sa sœur de côté pour pouvoir vivre dans la lumière.

Après les dernières prières, j’ai suivi la Mère sur le chemin du presbytère. J’ai avalé une dernière gorgée du monde extérieur avant que la porte ne se referme en claquant derrière nous.

Elle est un peu égoïste mais rêveuse, tellement que cela va la conduire à la mort.

Aujourd’hui, ils m’ont obligée à aller à l’enterrement de ma soeur. J’ai fini par céder, je n’avais pas tellement le choix.

C’est ainsi que débute le roman de Louisa Reid. On sait dès le début que l’issue de cette violence physique et mentale est fatale pour Hephzibah. On va donc alterner deux voix : celle d’Hephzibah pour avant sa mort et celle de Rebecca pour après sa mort.

Malgré la dureté du thème, Louisa Reid raconte les rêves d’adolescentes : avoir des amis, tomber amoureuse, … C’est léger, doux dans ces moments et puis cela devient poignant par les sous-entendus, la souffrance, les non-dits que vivent ces jumelles avec la tyrannie paternelle. Ca prend au cœur, aux tripes bref … on ressent pleinement la souffrance de ses jeunes filles. Petit à petit qu’on avance dans les esprits d’Hephzibah et Rebecca, un voile se lève sur la mort de la première ou encore sur les raisons de la violence du père et la froideur de la mère (qui ne fait rien, ne dit rien).

Mon reflet était plus pâle que jamais dans le miroir de la salle de bains, je me suis demandé si j’allais peler comme un vieux parchemin et perdre des couches de peau. J’étais sûre que mon corps allait partir en poussière avant que l’encre de mon futur ait une chance de sécher.

Hephzibah avait un petit ami, Craig. Celui-ci cherche à comprendre sa disparition et va se rapprocher de Rebecca pour comprendre. Cette rencontre va aider Rebecca à avancer en mémoire de sa sœur et à prendre son destin en main.

Hephzi était là. Bien sûr qu’elle l’était. Elle avait été là depuis tout ce temps. Dans le vent qui effleurait ma peau, dans le soleil qui caressait mon visage, dans les fugaces scintillements d’étoiles que j’avais aperçus depuis mon lit d’hôpital, dans les gris de mon ombre et dans l’intervalle de mes foulées, quand j’avais couru pour m’échapper du presbytère […] Hephzibah était peut-être ailleurs, mais elle était aussi en moi.

Conclusion

Un autre coup de cœur pour moi. Un autre roman traitant d’un sujet troublant qu’est la violence physique et mentale exercée par un proche. Un petit bijou dans un écrin fait d’amour, de sous-entendus, de non-dits ou bien de silences créés par la peur. Le destin tragique de deux âmes liées par le sang, séparées par le sang et dont l’une vivra à travers l’autre pour pouvoir s’en sortir. Un roman à lire absolument !

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