Lettre à l’absente …

Ma petite Mamy,

Aujourd’hui est un grand jour : tu as 90 ans. Pourtant, quand je te vois marcher, sans la moindre canne, j’ai l’impression que tu as moins que ça. Toujours est-il que tu en rêvais de ces 90 ans et de les fêter avec nous, tes 5 enfants et tes petits-enfants, autour de la grande table dans la salle à manger avec un repas bien copieux que tu auras préparé durant des heures. Je devrais être heureuse pour toi mais pourtant … il me manque quelque chose … toi.

Tu ne fêteras jamais tes 90 ans. Tu es partie pour la St Victor rejoindre ton mari, le Papy que j’ai tant chéri étant enfant. La maladie aura encore gagné cette fois-ci, même si tu t’es battue de toutes tes forces, attendant que chacun d’entre nous réussissent comme Ludivine et son BAC et mon poste d’assistante en Angleterre, poste pour lequel tu as été la première à le savoir, comme toujours.

Je suis là, assise devant mon écran, mon téléphone à côté de moi. Tous les ans, je suis presque la première à t’appeler pour ton anniversaire … aujourd’hui, j’ai composé ton numéro et j’ai entendu la petite voix disant « ce numéro n’est plus attribué ». Je devrais être habituée mais je ne le suis pas. J’ai le sentiment de ne pas avoir pris le temps de faire mon deuil … c’est totalement insensé n’est-ce pas ?

Je ne devrais pas ressasser les mauvaises choses mais plutôt les meilleures. Mais que veux-tu, j’ai toujours été ainsi. De toi, je garderai mes yeux, ce sont les tiens que j’ai et qui font de moi la seule de tes petits enfants avec cette couleur. Je garderai aussi ma première fois avec La Grande Vadrouille, ce film que je ne peux m’empêcher de regarder en pensant à toi. Sans oublier les appels le week-end quand ce n’était pas les visites, les vacances d’une semaine que je passais chez toi jusqu’à la fin car j’avais toujours mon petit croissant le matin avec toi. Et pour finir, Scarlett … cette voiture que tu as eu la gentillesse de m’avancer avant de me l’offrir. Ne pas l’avoir emmenée avec moi en Angleterre fut une torture mais rouler à gauche avec un volant à gauche … ça aurait été difficile avouons-le.

Je ne sais pas quoi te dire d’autres à part que tu me manques terriblement. Je pensais pas que tu me manquerais autant. Mais un jour, j’aurais des enfants et je leur parlerai de la femme que tu étais, je les habillerai de ces petits chaussons et autres manteaux que tu leur as fait avant même qu’ils soient là.

Je t’embrasse très fort ma petite Mamy, soit heureuse avec Papy là où tu es,

Ta petite fille qui t’aime.

14 thoughts on “Lettre à l’absente …

  1. Ta douleur traverse l’écran. Je compatis sincèrement et je te souhaite beaucoup de courage. Je sais ce que c’est d’avoir une relation fusionnelle avec ses grands-mères. J’espère que les fêtes et tes autres proches t’apporteront du réconfort 🙂

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